8.
Muìrn Beatha Dàn

 

Ostara, 1993

 

Tata Shelagh m’a raconté que, quand elle était enfant, elle avait vu un Traqueur neutraliser une sorcière avec un braigh. C’était en Écosse, alors qu’elle passait ses vacances chez sa grand-mère. Des bruits couraient à propos d’une femme qui vendait des potions et des sortilèges néfastes. Quelques jours après l’arrivée de ma tante, le Traqueur était apparu dans le village.

Tata m’a dit qu’elle avait été réveillée par des cris et des hurlements. En sortant de chez elle, elle avait vu que tous les habitants s’étaient rassemblés pour voir le Traqueur emmener la sorcière malfaisante. Sous le clair de lune, elle avait vu le braigh d’argent scintiller autour des poignets de la prisonnière : là où la chaînette touchait la peau, la chair avait brûlé. Après cela, personne ne l’avait revue, et le bruit courait qu’elle vivait à présent dans la rue à Édimbourg.

Tata pense qu’après ça cette femme n’a plus été capable d’utiliser sa magye, blanche ou noire. Elle m’a confié que, cette nuit-là, elle s’était promis de ne jamais se servir de ses pouvoirs à mauvais escient. La vision de la sorcière brisée par le braigh était trop épouvantable.

Elle m’a raconté son histoire le mois dernier, quand le Traqueur était parmi nous. Mais, heureusement, celui-là n’a emmené personne. Notre coven a retrouvé sa tranquillité.

Et je suis bien content qu’il soit parti.

 

Gìomanach

 

 

* * *

 

 

Je suis rentrée le plus vite possible, malgré les plaques de verglas sur la route.

— Je croyais que Mary K. avait rompu après ce qui s’était passé, m’a dit Cal.

— C’est vrai, ai-je marmonné, mais depuis il n’a pas arrêté de la supplier de lui pardonner. Tu vois le genre : « Excuse-moi, j’ai fait une erreur, je suis désolé, ça n’arrivera plus », etc.

Mes pneus ont crissé lorsque j’ai braqué pour m’engager dans notre allée. J’ai bondi hors de la voiture et, en me précipitant vers la maison, j’ai aperçu Mary K. et Bakker assis devant le perron, tout bleus d’avoir patienté dans le froid.

— Je voulais t’attendre, m’a expliqué Mary K.

J’ai poussé un soupir de soulagement. Apparemment, ma sœur n’était pas si bête que ça !

— C’est bon, on rentre, ai-je dit en ouvrant la porte d’entrée. Vous deux, vous restez en bas !

— Pas de problème, a ronchonné Bakker en claquant des dents. Tant qu’il y a du chauffage, ça me va !

Cal a annoncé qu’il allait nous préparer du cidre chaud tandis que je m’attardais à l’extérieur. J’avais décidé de saler le perron et l’allée pour éviter une mauvaise chute à mes parents. J’ai ensuite retrouvé avec délice la chaleur de la maison. J’ai même poussé le bouton du thermostat au maximum avant de rejoindre les autres dans la cuisine. Ce soir-là, c’était mon tour de préparer le repas. J’ai lavé quatre pommes de terre, que j’ai piquées à la fourchette et aussitôt enfournées.

— Hé, Morgan, on peut monter dans ma chambre cinq minutes ? Tous mes CD sont en haut.

— Ça, c’est pas de chance ! ai-je ironisé en soufflant sur mon cidre. Vous restez en bas, sinon maman va me tuer.

Ma sœur a soupiré, puis a emmené Bakker dans la salle à manger. Bien sagement, ils se sont mis à leurs devoirs. Ou du moins ils ont fait semblant.

À l’abri de leurs regards, j’ai tracé un cercle dans l’air avec ma main gauche au-dessus de ma tasse et j’ai murmuré : « Apaise le feu. » La gorgée suivante était juste à la bonne température. C’était chouette, d’être une sorcière !

Le sourire aux lèvres, Cal m’a demandé :

— Et maintenant, on fait quoi ? Nous aussi, on est obligés de rester en bas ?

— Ben ouais, ai-je admis à contrecœur. Ma mère serait folle si elle nous trouvait seuls dans ma chambre. Tout le monde sait que vous, les mecs, vous n’avez qu’une idée en tête !

— C’est pas faux, a reconnu Cal en riant. Mais je t’assure que c’est une très bonne idée !

On est passés dans le salon, où on s’est affalés sur le canapé. Dagda a sauté sur mes genoux et a commencé à ronronner.

— C’est pas juste, a repris Cal en souriant. Lui aussi, c’est un mâle, et pourtant il a le droit d’aller dans ta chambre !

— Oui, et il a même le droit de venir dans mon lit ! l’ai-je taquiné.

Il m’a caressé les cheveux, l’air grave.

— Qu’est-ce qu’il y a ?

— Tu me surprends de jour en jour, Morgan.

— Comment ça ?

— En fait, tu es très différente de ce à quoi je m’attendais.

Il a posé son bras sur le dos du canapé et s’est penché vers moi comme s’il essayait de mémoriser mon visage, mon regard.

— Et tu t’attendais à quoi, exactement ? lui ai-je demandé, ne voyant pas où il voulait en venir.

L’odeur de lessive de son tee-shirt m’a effleuré les narines. Je nous ai imaginés allongés sur le canapé, à nous embrasser. Rien ne nous en empêchait. Mary K. et Bakker étaient dans l’autre pièce, ils ne nous embêteraient pas. Pourtant, je me sentais soudain intimidée : j’avais presque dix-sept ans, et Cal était mon premier petit copain, celui qui m’avait donné mon premier baiser.

— Tu pensais que je serais du genre coincée ? ai-je repris.

Ça l’a fait marrer.

— Mais non. Je ne te croyais pas si forte, si intéressante, a-t-il dit avant de froncer les sourcils, comme s’il regrettait ses paroles. Enfin, quand on s’est rencontrés, je t’ai trouvée très mignonne et j’ai tout de suite su que tu avais un don pour la magye. Je voulais me rapprocher de toi, mieux te connaître. Maintenant, je te considère comme mon égale, ma muìrn beatha dàn. Je n’avais jamais ressenti ça.

Je ne savais pas quoi lui répondre. Je l’ai dévoré des yeux, éblouie par sa beauté et impressionnée par les sentiments qu’il éveillait en moi.

— Embrasse-moi, ai-je finalement murmuré.

Il s’est penché vers moi, et ses lèvres se sont posées sur les miennes. Ça n’a pas plu à Dagda, qui a commencé à miauler et à s’agiter. Dans un éclat de rire, Cal s’est un peu éloigné de moi, comme pour se montrer raisonnable. Il a sorti du papier et un stylo de son sac.

— Tiens, entraîne-toi à dessiner les runes.

Bon, j’aurais préféré qu’on continue à s’embrasser, mais c’était mieux que rien… J’ai tracé de mémoire les vingt-quatre runes principales. Il y en avait d’autres, de plus anciennes, que je ne connaissais pas encore.

— Feoh, ai-je chuchoté en dessinant une ligne verticale puis deux barres partant en diagonale vers la droite. Elle représente la richesse.

— Oui, et quoi d’autre ?

La prospérité, l’augmentation, le succès, me suis-je rappelé.

— La réussite, et tout ce qui est favorable. Et ça, c’est Eolh, la protection, ai-je ajouté en traçant une espèce de logo Mercedes à l’envers. Elle est très positive. Et celle-là, c’est Geofu, qui est synonyme d’offrandes et d’entraide. On l’utilise aussi pour évoquer la générosité, le renforcement de l’amitié ou d’autres liens. L’union du Dieu et de la Déesse.

— Très bien, m’a-t-il complimentée.

Je les ai reproduites l’une après l’autre, en laissant un espace blanc pour Wyrd. Elle n’avait pas de symbole, et il valait mieux ne pas connaître sa signification : il s’agissait toujours d’un savoir dangereux ou douloureux, un chemin à ne pas suivre.

— Félicitations, Morgan ! a murmuré Cal. Maintenant, ferme les yeux et pense à ces runes. Fais glisser tes doigts sur la feuille et arrête-toi quand tu sens que c’est le bon moment.

J’adorais ce genre d’exercices. J’ai suivi ses instructions, mais je n’ai rien ressenti. Alors je me suis concentrée pour oublier les murmures de ma sœur et de Bakker, le tic-tac de l’horloge et le ronronnement de la chaudière.

Petit à petit, j’ai commencé à éprouver différentes sensations, selon l’emplacement de ma main : la douceur d’une plume, la froideur d’une pierre, la chaleur d’une flamme… Je me suis plongée plus profondément encore dans la magye, jusqu’à me perdre dans son pouvoir. Là, oui, là, à cet endroit, l’impression était plus forte. Chaque fois que mes doigts glissaient sur cette rune, je la sentais qui m’appelait.

Quand j’ai ouvert les yeux, j’ai vu qu’il s’agissait d’Yr, la rune de la mort.

— Qu’est-ce que ça veut dire ? ai-je demandé à Cal.

— Mmm, a-t-il murmuré, le menton posé dans la main. En fait, Yr peut être interprétée de différentes façons. Ça ne signifie pas que toi ou quelqu’un que tu connais allez mourir. Parfois, cette rune annonce simplement la fin d’une chose et le début d’une autre. Comme un grand changement, mais pas forcément mauvais.

Le symbole en S anguleux d’Yr brillait d’une lueur sombre sur la feuille blanche. La mort. La fin. On aurait dit un mauvais présage. Mon cœur s’est mis à battre à cent à l’heure.

Soudain, j’ai entendu ma mère entrer par la porte de derrière, ce qui a brisé ma concentration.

— Morgan ? Mary K. ? a-t-elle appelé. Il y a quelqu’un ?

Ses pas ont résonné dans le couloir menant à la salle à manger.

— Salut, ma puce, a-t-elle lancé à ma sœur. Bonjour, Bakker. Morgan est là ?

Sa question signifiait en fait : « Dieu du ciel, ne me dis pas que tu es seule avec un garçon ? »

— Par ici ! ai-je répondu.

J’ai glissé la feuille couverte de runes dans ma poche et je me suis levée pour les rejoindre.

Quand nous sommes entrés dans la pièce, Cal et moi, ma mère a écarquillé les yeux. Je devinais sans mal ses pensées : « Mes filles, seules à la maison, avec deux garçons ! » Comme nous étions tous les quatre au rez-de-chaussée, avec nos vêtements, et qu’au moins Mary K. et Bakker n’avaient pas quitté la table, elle a dû décider de ne pas s’en faire.

— Tu as mis des pommes de terre au four ? m’a-t-elle demandé en reniflant.

— Ouais.

— Ça tombe bien. J’ai invité Eileen et Paula à dîner, a-t-elle expliqué en brandissant une pochette cartonnée. J’ai quelques maisons à leur proposer.

— Super !

— Il faut que j’y aille, a déclaré Bakker.

C’est ça, bon débarras !

— Moi aussi, a ajouté Cal. Bakker, tu pourrais me déposer au lycée ? J’ai laissé ma voiture là-bas…

— Pas de problème, mec.

J’ai suivi Cal à l’extérieur et je l’ai pris dans mes bras. Il m’a embrassée dans le cou.

— Je t’appelle ce soir, m’a-t-il promis. Et t’inquiète pas pour la rune, ce n’était qu’un exercice.

— Si tu le dis, ai-je murmuré, même si je n’en étais pas si sûre. Merci de m’avoir raccompagnée.

 

* * *

 

Le soir, Eileen est arrivée la première.

— Salut, tout le monde ! s’est-elle exclamée en enlevant son manteau. Paula sera un peu en retard – une histoire de maman chihuahua qui a du mal à accoucher.

Je lui ai adressé un sourire gêné. Je ne l’avais pas revue depuis le jour où, deux semaines plus tôt, je lui avais reproché devant tout le monde de m’avoir menti, comme mes parents. J’espérais que ma mère avait eu le temps de lui fournir quelques explications.

— Salut, Eileen. Je… euh… je suis désolée, pour la scène de l’autre jour.

— T’inquiète pas, ma puce, m’a-t-elle dit en me prenant dans ses bras. Je comprends, je ne t’en veux pas le moins du monde !

Ah, je savais que tout s’arrangerait avec elle ! Soudain, elle a regardé vers le sol, les yeux écarquillés et le doigt tendu : un petit derrière poilu et gris dépassait de sous le fauteuil préféré de mon père.

— Voici Dagda, ai-je annoncé en prenant la boule de poil dans mes bras. C’est mon chaton !

— Ça alors, j’étais persuadée que c’était un rat !

— Tu devrais avoir honte de confondre un chat et un rat : je te rappelle que tu sors avec une véto ! l’ai-je raillée, avant de poser Dagda sur le fauteuil.

— Je sais, je sais, a répondu ma tante, qui n’a pu s’empêcher de rire.

Peu après, Paula est arrivée, les cheveux en bataille et le nez rougi par le froid.

— Bonjour, comment va maman chihuahua ? ai-je voulu savoir.

— Bien, elle a donné le jour à deux chiots. Oh, quel ravissant chaton !

J’étais aux anges : enfin quelqu’un qui appréciait Dagda à sa juste valeur !

Je m’étais tout de suite bien entendue avec la nouvelle copine de ma tante, mais je me rendais compte à l’instant qu’elles étaient vraiment faites l’une pour l’autre. Paula était peut-être la muìrn beatha dàn de ma tante.

Cette idée m’a fait sourire. Tout le monde n’avait-il pas le droit de trouver l’âme sœur ? Moi j’avais de la chance. J’avais rencontré Cal.

L'éveil
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